Ils nous racontent l’Etape
Trois cyclos de Saint Avé, Alban GUERIN, André GUERIN, Hervé BUCAS et son cousin, ont fait l’ « Etape du Tour 2023 ». 157 km, 6 cols, 4 197m de dénivelé positif. André et Hervé ont fait part à « La Gazette » de leurs impressions à l’issue de ce véritable défi. Merci à eux et bravo à tous les quatre.
« La Gazette »
C’est au coeur des Alpes, à l’abri d’un chalet de montagne que des passionnés de vélo se retrouvent en cette veille d’ Etape. L’ambiance est conviviale et emprunte de complicité. Les esprits sont tendus. Chacun recherche à la fois la décontraction et la concentration car on sait que la nuit sera courte et la journée à suivre, longue et difficile.
Ils sont quatre parmi 16 000 cyclos venus du monde entier. 
Le départ est magique, le parcours est grandiose entre le Lac Léman et le Mont Blanc, les routes libérées des voitures sont larges et le revêtement de mousse. Les encouragements des familles, des amis et du public, portés aux sons des cloches montagnardes, les rencontres fugaces et échanges tranquilles en roulant, leurs font oublier les pentes « faciles » des premiers cols.
Mais rapidement, le réel reprend le dessus, la chaleur se fait sentir, elle sera omniprésente et forte au cours de cette épreuve. Elle finira par mettre les organismes en mode économie. La passion du vélo et surtout le mental tireront nos amis au sommet du superbe mais redoutable col de la Joux Plane, ultime col de l’Etape avant la plongée sur Morzine où une belle médaille attend les finisseurs.
Hervé nous raconte sa journée :
«Pour moi l’ «Etape du Tour» c’est toujours un moment hors du temps que l’on prépare avec les copains dans nos sorties du dimanche, tout au long de l’année, avec cette échéance qui se rapproche. C’est la 9 ème et c’est un rituel de retrouver le cousin et les copains …
Alors que dire cette année, ça rend humble, on se demande toujours si on va réussir, c’est toujours très dur, sinon on ne traverserait pas la France pour la faire. On sait que ça va faire mal, qu’à un moment on va en avoir marre … La veille au soir on parle peu, le même rituel on se couche en ayant tout vérifié, on ne dort pas très bien, on se lève à 4h30, on rejoint le sas pour 6h30 et la c’est le départ, ça y est ! Cette année on appréhendait tous les très fortes chaleurs …
Le début était magique, beau paysage, température idéale, vue sur le lac Léman et cols «faciles» à 5/6%, puis au pied de la Ramaz ça commence à chauffer, on sait que c’est là que ça va faire mal, les premières crampes et les premières douleurs, ceux que l’on voit s’arrêter ou dans le fossé, l’inclinaison qui augmente et la chaleur de la route qui devient étouffante … On arrive en haut de la partie la plus dure du col à Sommand, épuisé, reste 3 km a 5/7%, on bascule, paysage incroyable sur la chaîne du Mont Blanc, descente rapide … et déjà on sait que la prochaine ascension se fera au mental, les douleurs deviennent permanentes au pied de Joux Plane qui n’en a que le nom. Ça commence avec 12% sur 2 km, chaleur suffocante, le chantier tout autour de ceux qui sont en perdition, ça switch dans la tête, on est en mode survie, on avance coûte que coûte, chaque borne kilométrique avec l’indice nous rapproche du sommet et de l’arrivée, mais les crampes nous tétanisent dès que l’on essaie d’appuyer sur les pédales, rien n’y fait, obligé de s’arrêter, on reste quelques minutes à l’ombre et on y retourne. La douleur est permanente mais on sait qu’il ne reste que quelques kilomètres, c’est rien mais… c’est infini, on sait que l’on va y arriver, qu’on ne va rien lâcher …Enfin on aperçoit le haut du col, la dernière borne indique un 2% fictif qui est en fait un 10%, mais qu’importe on continue et on passe cette ligne avec l’immense joie d’avoir tout donné et d’être « Finisher ».
Alors bien sûr il y en a 6 298 devant, mais c’est un combat contre soi pour y arriver, pour les copains qui ont mis des messages et les encouragements, pour cette ambiance incroyable. Oui on l’a fait ! On est au bout, on la mérite cette ligne d’arrivée».
Hervé BUCAS
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