Quels enseignements tirer de la descente de C. Froome dans le col de Peyresourde.

Quels enseignements tirer de la descente de C. Froome dans le col de Peyresourde.

On a assisté lors de la première étape des Pyrénées dans le Tour 2016 à la victoire d’un Chris Froome qui n’était pas ce jour-là le plus fort, mais qui à l’image de son équipe a poussé dans ses limites une technique mis en oeuvre depuis l’avènement des cadres en carbone.
Descendre assis sur le tube horizontal du cadre permet en effet, tout en étant seul à l’avant en prise totale avec le vent de rouler aussi vite, voire plus vite qu’un coureur à l’abri dans un peloton et en position normale sur sa selle.
S’asseoir sur le cadre réduit en effet la « surface frontale » ou le « maître-couple » du coureur (S), réduit le coefficient de pénétration dans l’air (Cx), c’est à dire son aérodynamisme (SCx) en prenant une forme se rapprochant de celle de l’oeuf ou de la goutte d’eau. Sachant par ailleurs que la résistance de l’air (Ra) varie en fonction du carré de la vitesse (V) on mesure l’intérêt de cette position. En théorie, la résistance de l’air, qui est une force exprimée en newton (N), se calcule ainsi : Ra = 1/2 x p x S x Cx x V², où p est la masse volumique de l’air.
A titre d’exemple, à une vitesse de 30 km/h, V² est égale à 900. A une vitesse de 75 Km/h, V² est égale à 5 625, soit une valeur 6,25 fois plus importante. A 50 km/h, 90% des efforts sont utilisés pour lutter contre la résistance de l’air, à 24 km/h ils ne sont plus que de 50%. (1)
Lutter contre la résistance de l’air à grande vitesse devient ainsi très intéressant.
On voit bien que réduire SCx (2), permet de réduire la résistance à l’air et donc à force égale d’augmenter sa vitesse, cependant cela ne doit se faire au détriment du confort et de la sécurité. En position optimale on doit doit avoir le dos le plus plat possible et le corps ramassé au maximum. Cf. la photo d’illustration.
La position « normale » sur la selle est en fait un compromis entre le confort, l’aérodynamisme, le pilotage et la sécurité.
A l’évidence, pour gagner sans être le plus fort, C. Froome a pris d’importants risques en jouant dans les limites de la sécurité et du pilotage. On ne peut pas virer efficacement dans cette position. Freiner à 70-80 km/h, à l’entrée d’un virage, alors que l’on est obligé de mettre tout son poids sur l’avant du vélo pour que le bas du dos passe le bec de selle, c’est se mettre en limite de sécurité et d’équilibre.
En terme d’amélioration de la performance, cette position est intéressante, en terme de sécurité et de confort elle l’est beaucoup moins.

Automatiser la hauteur de selle !

Il est curieux que depuis que le vélo existe, on n’ait pas imaginé une selle à position variable comme on l’a fait pour le cintre par exemple, ou encore les braquets.
Alors « La Gazette » toujours en recherche d’innovation, s’est autorisée… et vous autorise à imaginer des solutions.
Le plus simple consisterait à concevoir une selle télescopique automatique, afin de la baisser dans les descentes, ou d’adapter sa hauteur selon les conditions de course.
On pourrait aussi imaginer un système plus élaboré en partant d’un parallélépipède rectangle articulé, à l’image de ce qui constitue le coeur de nos dérailleurs. En s’abaissant et en se déplaçant sur l’arrière tout en maintenant la selle à l’horizontale on pourrait dans le contexte de l’exploit de Froome, améliorer la sécurité, le confort et l’efficacité du pédalage, ainsi que l’aérodynamisme (SCx).
Les commandes de ces deux systèmes, seraient bien entendu, comme les dérailleurs contemporains électrifiées et automatisées.
Ainsi, la position sur le vélo au lieu d’être un compromis pourrait s’optimiser dans l’action, au fil des parcours et des reliefs.
Mais il y a encore pas mal d’études et de recherches pour s’assurer du bien-fondé de ces solutions.
Dans cette attente, attention de ne pas prendre trop de risques en descendant le col préféré de vos vacances.
JY.LP

(1) – Fred Grappe : « Cyclisme et optimisation de la performance » – Pages 310 à 312 – 2 ème édition – Deboec.
(2) – Le Cx d’une plaque est égal à 1, une sphère à 0,2, une goutte d’eau à 0,04.

Photo : « La République des Pyrénées ».