Et si on levait le pouce !

Chronique publiée en septembre 2017

Et si on levait le pouce !

Dessin : Source Fotomelia.com

En cette semaine d’action des chauffeurs routiers, je me souviens très bien de ce jour de février 1984, où sur une bretelle d’accès au centre-ville de Brest, excédé par les barrages et très en colère de ne pouvoir être à l’heure au boulot, j’ai sur mon vélo de ville, fait une royale queue de poisson à un semi-remorque de 35 tonnes. Mal m’en a pris, quand un peu plus loin il m’a doublé et serré contre un rail de sécurité. J’ai frôlé la catastrophe !
J’avais dû par mon comportement mettre ce chauffeur tout autant en colère que moi-même.
Je me souviens très bien avoir très mal vécu ce conflit, il m’était insupportable de ne plus avoir ma liberté de circulation.
Depuis ce temps… je me suis assagi… et je me suis souvent interrogé sur le pourquoi de l’agressivité des automobilistes vis à vis des cyclistes et des groupes de cyclos en particulier.
La consultation de quelques études sur ces questions montre que la colère se trouve souvent au coeur de ces comportements.
La voiture est selon les spécialistes perçue comme un espace de liberté et de puissance où l’on pense que la vitesse peut raccourcir le temps et assouvir nos envies.
Se trouver ralenti et coincé derrière un groupe de cyclos provoque alors une frustration de ce sentiment de liberté, qui chez un individu stressé, par exemple parce qu’il est en retard, se transforme rapidement en colère. Colère qui va s’assouvir alors dans des comportements agressifs, voire dangereux.
67% des conducteurs Français avouent qu’ils leurs arrivent d’injurier d’autres conducteurs. Ainsi frustrés et énervés par les autres, 34 % avouent coller délibérément le véhicule, 55 % klaxonnent de façon intempestives. (1)
Alors oui, il faut le savoir, un groupe de cyclos que l’on ne peut doubler sur une départementale provoque chez tout un chacun une vive frustration pouvant générer des comportements agressifs, en plus du stress provoqué par la manoeuvre de dépassement souvent délicate.
Heureusement, et notamment en Bretagne, bon nombre d’automobilistes parviennent à contrôler cette frustration et adoptent à notre égard un comportement prudent et bienveillant.
Alors, s’il ne faut pas répondre à l’agressivité par l’agressivité sous peine de risque de dérapages désastreux, « La Gazette » vous propose de répondre à la bienveillance par la bienveillance. Comment faire ?
Je suggère d’adopter un geste simple, couramment employé sur les réseaux sociaux… Lever le pouce !
Lever le pouce pour saluer un automobiliste qui s’écarte suffisamment pour nous doubler, lever le pouce pour saluer une priorité largement accordée, lever le pouce pour saluer un automobiliste patient.
Bref, je suggère de saluer et d’encourager tout comportement positif à notre égard.
A nous en contre-partie d’être irréprochables dans nos comportements, dans le respect du code la route et dans nos relations avec les automobilistes que nous sommes tous à d’autres moments.

JY.LP

(1) – L’agressivité au volant, cela se soigne !

Tu t’es vu quand tu conduis !…