Trois cyclos de Saint Avé, Philippe ROBIN, Lionel PERSON et Sébastien QUENTIN, accompagné de son pote Olivier JEULAND équipier de Paris-Brest-Paris, se sont retrouvés la semaine dernière à Liège en Belgique pour défier les Ardennes Belges sur un parcours, pour partie emprunté le lendemain par les professionnels. En plus des difficultés du terrain, ils ont du affronter le mauvais temps. Ils nous racontent leur périple. On les remercie de nous faire partager ces moments de sport et de vie de cyclosportifs.
« La Gazette »
Une simple rando ?… 2 635m de dénivelé !
Liège-Bastogne-Liège Challenge existe depuis 2011 et permet aux cyclistes amateurs du monde entier (et parmi eux des cyclos de St Avé) de venir affronter les côtes mythiques des Ardennes belges et de la doyenne des classiques.
Ils sont trois compagnons de route à en découdre : Sébastien, Philippe et Olivier. En 2023, Seb et Olivier ont tous les deux fait Paris-Brest-Paris mais Philippe n’est pas en reste, ayant effectué le Tour du Mont-Blanc. Un grand dilemme s’est posé la veille de l’épreuve compte tenu de la météo et en particulier des conditions extrêmes annoncées sur Bastogne : zéro degré, vent, pluie et neige mêlées. En plus des 150 km à se coltiner vent de face pour remonter sur Liège, la pluie parfois soutenue de la fin de la nuit les convainc définitivement de se rabattre sur le parcours de 160km,comme le feront plus de la moitié des participants initialement inscrits sur le 250 km. Ce ne sera pas le cas de Lionel qui réussira la prouesse de boucler la distance à plus de 26km/h de moyenne… et en cuissard court.
Samedi matin, départ à 7h30 avec une météo conforme aux prévisions : deux degrès, pluie fine et vent. Un temps pour purs flahutes mais souvent rencontré dans les Ardennes à cette période de l’année comme le confirment les locaux.
Liège-Bastogne-Liège Challenge n’est pas une course mais une rando et c’est tant mieux. Les départs se font par petits groupes au fil de la matinée. Ce sera plus calme et moins dangereux sur les routes humides et parfois de très mauvaise qualité. Neuf côtes principales sont au programme pour un dénivelé positif supérieur à 2600m. Vent dans le dos, 30km sont effectués dans la première heure, le coup de pédale est bon. Seb a les doigts gelés, Philippe le motive. Les premières côtes se montent bien. Philippe a des jambes de feu et se sent dans un grand jour, il attend ses deux compagnons en haut du Mur de Durbuy (km41). Seb et Olivier sont en effet plus sur la réserve, en prévision des ascensions finales. La suite leur donnera raison… Après le premier ravitaillement (km 60) et la côte de Moulin de Fosse (km67) , la première grosse difficulté intervient au km 81: la côte de Roche-à-Frêne, longue de 2,3 km avec une pente moyenne de 8,6% et des raidards à 14%. Ça pique mais bonne nouvelle, la pluie a cessé et la route commence à sécher. Arrive ensuite la belle ascension de la côte de Niaster (km96) longue de 4km et ressemblant à un col avec quelques lacets, que Philippe escalade encore une fois devant, tandis que Seb et Olivier montent tranquilles en discutant avec un cyclo de Nancy.
A partir de là, les difficultés vont s’enchainer. Il reste 5 grosses côtes à franchir dont la célèbre côte de la Redoute (km107) : 1.7 km à 9.5% et ses terribles pentes à 17 % sur sa deuxième partie.
Dès l’ascension entamée, Philippe laisse ses deux camarades car il a envie de la faire «à bloc». Il monte la première partie assez bien, puis arrive ce fameux passage à 17% où Philippe commence vraiment a être dans le dur, il serre les dents. Plusieurs cyclistes mettent quant à eux, pied à terre. De son côté, conformément à ce qu’il avait planifié, Seb a mis en route à mi-pente avec Philippe dans le viseur, dans la position du lièvre. Philippe voit le sommet de la bosse se rapprocher et pense prendre les «points du MG» mais là, stupeur, Seb le double 30m avant la ligne! Grosse rigolade… Olivier revient rapidement dans leurs roues grâce à ses qualités de descendeur.
Il reste 40km et encore quatre côtes. Philippe commence à payer ses efforts, mais réussit à passer sans trop de souffrance les côtes de Cornemont (km111) et des Forges (km119), route large et rectiligne ressemblant un peu à Mur de Bretagne.
Le clou de la journée sera la côte de la Roche aux Faucons (km129) : 1,3 km d’ascension avec une pente quasi constante à 11% et des passages à 16%. Un lieu mythique mais un vrai cauchemar pour beaucoup de participants. C’est du jamais vu. La partie droite de la chaussée est réservée à ceux qui montent à pied, poussant difficilement leurs machines, visages livides. La partie gauche permet à ceux qui restent sur le vélo de se faire plaisir, comme Seb et Olivier qui se tirent une belle bourre et finissent roue dans roue au sommet, comme se sera encore le cas pour la dernière ascension de la journée, la côte de Cortil (km140) longue de 3km mais moins pentue (7%).
Les rôles sont désormais inversés, Seb et Olivier attendant Philippe qui en a plein les bottes et qui paye son départ canon et son manque de longues sorties en 2024. Ils franchissent la ligne d’arrivée tous les trois ensemble heureux comme des papes, main dans la main, après 160 km, 2635m de dénivelé et 6h25 d’effort, le tout à une moyenne horaire de 25 km/h. Quelle belle épreuve ! Les Ardennes avec ses paysages magnifiques s’avèrent être un terrain de jeu extraordinaire pour les cyclistes aimant grimper, la difficulté étant de pouvoir enchainer toutes ces montées et descentes successives.
La journée du dimanche sera consacrée à la course des professionnels. Présentation des équipes le matin à Liège et ambiance typique des courses belges l’après-midi en attendant les coursiers (chapiteau, grand écran et bière) dans la côte de Cornemont. Le lundi matin, avant de reprendre la route de la Bretagne, Seb et Philippe effectueront une petite heure de vélo pour aller escalader une autre montée mythique en Europe, à savoir le Mur de Huy et son passage à plus de 20%.
Sébastien QUENTIN & Philippe ROBIN