La performance est d’autant plus préservée que la pratique sportive s’est exercée de façon régulière tout au long de la vie.
« La Gazette »
Voilà maintenant vingt ans que je roule avec les Cyclos de Saint Avé. Il n’y avait alors que trois groupes et nous étions moins nombreux. Au fil de ces années j’ai pu faire le constat que les copains arrivés aux alentours de 70 ans, plus ou moins cinq ans, laissaient apparaître, malgré leur coquetterie à le cacher, une baisse évidente de performances. Comme j’étais jeune (!) à l’époque je n’y ai pas porté plus d’attention.
Titulaire depuis quelques mois dans le groupe six, constitué d’une majorité de septuagénaires, j’ai de façon plus percutante fait le même constat. Nous n’hésitons pas à raccourcir le parcours s’il est trop long et à raboter quelques bosses, qui autrefois faisaient notre plaisir et nous permettaient d’exprimer tout notre potentiel.
On le sait, mais il est difficile de l’admettre, le vieillissement s’accompagne du déclin de la performance. Que dit la science à ce sujet ?
Un premier constat s’impose, on vit au fil des générations plus longtemps et en conséquence on est vieux plus longtemps. De nombreuses études ont été menées sur le sujet, mais mon attention a été retenue par l’une d’elle faisant référence dans les milieux sportifs. Il s’agit de l’étude dirigée par Thierry Bernard et Frédéric Sultana de l’Université de Toulon-Var publiée en 2011 : « Effet du vieillissement sur les facteurs de la performance en triathlon ».
L’étude démontre que si les athlètes âgés peuvent atteindre des niveaux de performance remarquables selon leur capacités et leurs préparations, ils sont aussi confrontés à une réalité inexorable, celle de l’accélération du déclin des performances en particulier à partir de 70 ans. L’apogée de la performance se situe entre 20ans et 35ans elle est alors en palier, puis elle diminue progressivement durant une bonne trentaine d’années avant de s’accélérer très rapidement vers 70 ans et cela, jusqu’à devenir exponentielle. Voir le tableau ci-dessous.
L’autre enseignement de cette étude est que parmi les trois disciplines du triathlon, c’est le cyclisme qui résiste le mieux à ce déclin inéluctable, devant la course à pied et la natation. C’est une chance pour nous de pouvoir ainsi pratiquer notre sport plus longtemps, c’est à dire plus vieux que les autres. Le vélo préserve en particulier les articulations, comparé notamment à la course à pied, beaucoup plus traumatisante en la matière.
A partir de ce constat, la question qui se pose alors à nous tous, quelque soit le groupe de niveau, est de savoir comment ralentir ce déclin, qui redisons-le commence dès 35 ans. Pour les plus de 70ans, rouler plus vite, plus longtemps et plus souvent n’est certainement pas la solution.
La masse musculaire est moins importante, le temps de récupération est plus long et le système cardio-vasculaire moins performant. Il faut plutôt rechercher l’adaptation maximale au vieillissement, rouler moins, rouler autrement, veiller à récupérer suffisamment et dans la mesure du possible, rouler en groupe pour préserver les relations sociales. Enfin faire preuve de bon sens en étant attentif à ses sensations. Savoir s’écouter pédaler !
On peut tirer un dernier enseignement de cette étude : c’est que la performance est d’autant plus préservée que la pratique sportive s’est exercée de façon régulière tout au long de la vie. Frédéric Sultana, introduit sa thèse de doctorat par une citation de Kofi Annan prononcée dans un discours à l’Assemblée Nationale sur le vieillissement le 27 septembre 2001 :
« Les graines d’un vieillissement en bonne santé se sèment tôt ».
Robert Marchand est très certainement un modèle en la matière. Il a toute sa vie eu une hygiène rigoureuse. On peut le ré-écouter.