1919, les Poilus font le tour de la France
Les lecteurs de « La Gazette » ont pu il y a un an, lire une courte évocation de ce que fut la place du vélo sur le front de la première guerre mondiale.
En ce 11 novembre, souvenons-nous que ce conflit coûta la vie à trois vainqueurs du Tour de France, Lucien Petit-Breton, François Faber et Octave Lapize.
Il y a 100 ans, le Pays devait se remettre de ses blessures et se reconstruire. La volonté de sortir du cauchemar était très forte et le sport devait retrouver toute sa place.
Ainsi le 29 juin 1919, le Traité de Versailles venait tout juste d’être signé, que déjà Henri Desgrange, patron du journal l’Auto, abaissait le drapeau du départ du 13e Tour de France.
Il se courra en 15 étapes, sur une distance totale de 5 660 km. Celui de cette année fera quelques 2 090 km de moins avec seulement 3 470 km.
En matière de parcours vous aurez sans doute des difficultés à vous souvenir de celui du prochain tour, tant il est insolite. En revanche, celui de 1919 suit les frontières côtières et terrestres du pays et dessine une carte de France stylisée que l’on ne peut oublier.
Ce Tour fera étapes à Strasbourg et Metz, capitales de l’Alsace et de la Lorraine à peine revenues dans le giron de la mère patrie.
Alors que 130 coureurs s’étaient engagés, ils ne seront que 66 à prendre le départ et seulement 11 à le finir au Parc des Princes.
On impute ces nombreux abandons et renoncements à la faiblesse des prix et primes mais aussi à l’état des routes dont l’entretien ne fût pas une priorité en ce temps de guerre.
Henri Pélissier, le frère du grand Francis, tint la tête du classement, durant les trois premières étapes. Ils quitteront tous deux la course aux Sables d’Olonnes (4 ème étape) suite à un désaccord avec Henri Desgrange sur l’application du règlement.
C’est aussi au cours de ce Tour qu’Eugène Christophe devint le premier coureur à revêtir un maillot jaune. C’était à Grenoble, le 19 juillet, au départ de la 11e étape.
Il perdra le maillot la veille de l’arrivée suite au bris de sa fourche qu’il réparera lui-même dans une usine de cycles près de Valenciennes.
Le Belge Firmin Lambot remporte l’épreuve après avoir pris le maillot à l’avant-dernière étape.
C’est sur une idée de l’une d’entre « Elles ». Merci à elle, que « La Gazette » a tenu ainsi à rendre hommage à ces poilus qui, la guerre à peine finie et dans des conditions très difficiles se sont délibérément tournés vers l’avenir et ont apporté leurs pierres à la construction des légendes du Tour.
100 ans après le Tour, même s’il n’est plus le tour de la France, fait encore rêver.
JY.LP